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Crispation editions : « Une tonalité reconnaissable entre toutes »

Littérature indépendante

Crispation editions : « Une tonalité reconnaissable entre toutes »

Découverte d’une maison d’édition qui répond au doux nom de Crispation éditions. Ce collectif publie des romans et recueils de nouvelles alliant à merveille cynisme et ironie. Rencontre avec David Laurençon, écrivain et fondateur de Crispation éditions.

jeudi 5 février 2015 (Propos recueillis par Clément Goutelle)

Illustration : Roxanne Guillian-Rouquet

Comment est né Crispation éditions ?
Tout est parti d’un groupe d’artistes auquel j’appartenais, il y a une dizaine d’années, à Lyon. Nous proposions des événements où se mêlaient concerts, expos, projections de films 8mm, de vidéos. J’écrivais et réalisais les films. C’était expérimental. Très vite nous avons tourné à plein régime. Ça a pris de l’ampleur, et nous avons fini par avoir trop de contraintes, principalement d’ordre technique, et des histoires de timing. Nous perdions notre liberté d’agir et de créer. Nous nous sommes égarés, puis complètement éparpillés. Je me suis dit ’’c’est crispant’’. Crispation vient de là.

Après avoir mélangé les arts, pourquoi avoir décidé de se focaliser autour de l’écrit ?
La littérature peut être tout à la fois musique, film… Publier des textes, c’est continuer à faire de l’art, sans les complications liées à l’organisation du spectacle, de la scène, ou du tournage. Ceci dit, Crispation éditions reste un groupe. Un collectif autour d’une œuvre littéraire.

Combien êtes-vous dans l’équipe de Crispation éditions ?
Le noyau dur est constitué de deux personnes. Mais nous fonctionnons un peu à la manière d’un groupe de rock, où l’écrivain serait le chanteur et Crispation éditions les musiciens. Le groupe doit être parfaitement soudé, on doit se comprendre au moindre regard. L’auteur doit faire partie intégrante de l’équipe. Il ne nous lâche pas le manuscrit comme ça. Il fait partie de l’aventure.

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David Laurençon, écrivain et fondateur de Crispation éditions. / Photo DR.

Pouvez-vous revenir sur les différentes périodes clefs de Crispation ?
Nous avons sorti un premier titre, un recueil collectif en 2007 : « Crispation », avec notamment des textes de Michel Karpinski. Puis l’année suivante, « Oh, Cool ». Thierry Girandon y a publié ses premières nouvelles. Moi, j’y ai placé un récit, « Ding Dong ». Deux premiers recueils collectifs, donc. Après quoi : douze bouquins ont été publiés jusqu’en 2012. Seuls trois de ces titres demeurent au catalogue. Nous avons viré les autres.

Pourquoi avoir décidé de retirer ces ouvrages ?
On a fait des erreurs de parcours. En 2012, ça a été le comble. Nous avons voulu faire un coup commercial mais ça a foiré avant même le « bon à tirer ». L’auteur n’était pas avec nous, je n’en dirai pas plus. Résultat, nous avons perdu plus d’un an de travail. La leçon a été retenue.
C’est Thierry Girandon qui nous a relancés. Il avait commencé avec nous, puis avait publié un polar chez Huguet éditeur, une plus grosse machine. Il est revenu chez Crispation avec son « Amuse-bec ». Grâce à lui, nous nous sommes retrouvés. Après ça, on s’est dit « finies les conneries ».

Comment fonctionnez-vous ?
Nos tirages restent confidentiels. La diffusion d’un ouvrage doit financer le suivant. Il faut trouver le bon auteur au bon moment.

Quels sont les objectifs de Crispation éditions ?
Notre objectif c’est d’être cohérent. Continuer de publier, en gardant un son, une tonalité qui soient reconnaissables, identifiables entre tous : notre son. Par une sorte de tension qui s’entretient d’elle-même, nous publions peu et savons très bien ce que nous faisons : jamais deux fois la même chose, une seule signature.

Les critiques naviguent entre éloges et dégoûts. Crispation éditions ne laisse pas indifférent, c’est le moins que l’on puisse dire. Est-ce un objectif ?
Je ne cherche pas forcément ce type de retours, mais ça me rassure. Il faut qu’il se passe quelque chose avec le lecteur. C’est un bon outil de mesure. Quand on a ce type de critiques, je me dis que c’est du bon travail.

La prochaine sortie sera le recueil de nouvelles de Mehdi Masud. Pouvez-vous nous dire un petit mot sur cet auteur ?
Mehdi Masud, c’est un son et une démarche. Ses nouvelles sont caustiques. C’est du Crispation pur jus.


Pour se procurer les ouvrages de Crispation éditions, le plus simple est de passer directement par son site :
http://www.crispation-editions.fr

Propos recueillis par Clément Goutelle
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"Nous fonctionnons un peu à la manière d’un groupe de rock, où l’écrivain serait le chanteur et Crispation éditions les musiciens. Le groupe doit être parfaitement soudé, on doit se comprendre au moindre regard. L'auteur doit faire partie intégrante de l'équipe. Il ne nous lâche pas le manuscrit comme ça. Il fait partie de l'aventure."
"Mehdi Masud, c'est un son et une démarche. Ses nouvelles sont caustiques. C'est du Crispation pur jus."

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